Cet article s’adresse aux cavaliers et à leur entourage. La chute fait généralement peur, surtout les premières fois ou quand elle concerne un enfant. Malheureusement, un cavalier chute forcément un jour ou l’autre. Comme c’est inévitable, autant être bien informé et bien préparé !
Mais avant cela, je vous présente le protocole à appliquer lorsque vous êtes témoin d’une chute à cheval.
Que faire en cas de chute ?
- Ne courez pas, marchez pour rejoindre la personne.
- Ne touchez pas la personne.
- Ne retirez ni la bombe ni le gilet.
- Demandez à la personne de respirer sans bouger.
- Vérifiez que la personne est consciente, avec quelques questions : Est-ce que tu vas bien ? As-tu mal quelque part ?
- Si vous avez l’impression que la personne est confuse, vérifiez-le avec quelques questions : Quel jour sommes-nous ? Comment t’appelles-tu ? Où es-tu ?
- Si les réponses vous semblent ‘bizarres’, appeler le SAMU 15.
- Si toutes les réponses sont bonnes, demandez à la personne de se relever. Surtout ne l’aidez pas.
- Si cette dernière a des douleurs ou n’y arrive pas, appelez les POMPIERS 18.
- Si la personne se relève d’elle-même et se sent en capacité, elle peut remonter à cheval. Il lui faudra alors plusieurs minutes au pas pour souffler et reprendre ses esprits.
Les enseignants sont formés pour intervenir en cas de chute. Ils sont les mieux placés pour gérer cette situation. Si vous êtes parents, surtout ne courez pas pour rejoindre votre enfant. Cela peut affoler votre enfant ainsi que les chevaux autour et vous pourriez même risquer de tomber à votre tour. Je comprends qu’il s’agit d’un réflexe naturel mais il est important de le maîtriser pour garantir la sécurité de tous.
L’équitation : un sport à risque !
Une étude m’a particulièrement intéressée : Traumatologie des cavaliers en fonction du mode d’éducation du cheval (approche classique vs approche éthologique), Marjory Dooghe, 2020. Cette étude est au cœur de cet article, consacré aux moyens de réduire le risque d’accident.
Cela ne sert à rien de se voiler la face, la présence d’un animal imposant, plus grand et plus lourd que nous, parfois imprévisible, fait de notre sport l’un des plus dangereux. Il y a suffisamment d’études qui le montrent.
Les équipements de sécurité
On l’a déjà vu dans l’article Chap. 2 art. 1 : Votre premier shopping équestre et son renouvellement ! . Mais faire un rappel ici est important.
La bombe : Le port de la bombe est obligatoire dans tous les clubs affiliés à la Fédération Française d’Équitation. Mais il ne l’est ni en compétition hors fédération, ni pour les propriétaires particuliers. Pourtant il le devrait ! Certaines chutes sans casque peuvent entraîner des séquelles irréversibles (handicap).
Pour protéger son dos, le cavalier peut soit prendre une dorsale, qui est une structure solide, soit prendre un gilet airbag, qui se gonfle lorsque le câble du gilet, relié à la selle, se tend et se décroche (à noter : La veste se gonfle également lorsqu’on oublie de détacher le câble en descendant de son cheval !). Cependant, il faut faire attention à ces protections : le cavalier doit pouvoir se mettre en boule surtout au niveau du dos.
Nous allons maintenant étudier la position en cas de chute.

La position de chute
Il existe une façon de tomber qui limite le risque de se faire mal. Mais avant de vous en parler, je vais vous expliquer d’où vient cette expérience.
Vous l’aurez deviné, je vais reparler de mon handicap et de ses conséquences. Cour de récréation à la maternelle : Imaginez une petite fille qui, dès qu’elle court, tombe. Je pouvais tomber jusqu’à deux voire trois fois par récréation. Du coup, ma kinésithérapeute de l’époque m’a appris à me mettre en boule lors des chutes. A force de répéter le geste à chaque chute et voyant que je me faisais moins mal à la récréation, mon corps a naturellement automatisé cette posture. A tel point que, des années plus tard, à l’âge adulte, j’ai utilisé naturellement cette méthode, au moment où je ratai une marche. Je me suis relevé avec seulement une égratignure. Mon père, témoin de la scène, l’a analysée et a pu mettre en pratique la méthode lors d’une chute au cours d’un jogging en forêt.
Mon plus grand regret, c’est que cela ne soit pas enseigné systématiquement aux enfants. Ils devraient tous faire régulièrement des roulades pour éviter de se faire mal lors d’une chute. Voici la démarche :
Comment se positionner lors d'une chute ?
1
Position de base.

2
Ramener la tête vers le ventre et si possible ramener les mains vers votre tête.

3
Grouper les jambes sous le ventre.

4
Ne plus bouger et laisser le corps rouler naturellement jusqu'à l'arrêt.


En cas de chute, évitez de mettre les mains et bras en avant. Cela occasionne souvent des fractures touchant le haut du corps (clavicules, poignets …).

Astuce :
Vous pouvez vous exercer en vous laissant tomber sur votre lit ! C’est un exercice amusant et très utile !
Les interdictions
Tenue vestimentaire : Il y a quelques interdits lorsque vous montez à cheval. Les écharpes et les capuches sont à proscrire ! Lorsque vous tombez, votre cheval ne doit pas pouvoir vous bloquer. Si votre écharpe ou capuche traîne et que le cheval se prend le sabot dedans, cela peut être très dangereux. Dans la même idée, les vestes ou polaires doivent être fermées pour ne pas flotter au vent. Pour remplacer une écharpe, prenez un tour de cou. Quant à la capuche, votre bombe vous protège très bien de la pluie !
Parlons peu, parlons bien. Au club hippique, un téléphone ne doit servir qu’à deux choses : appeler en cas de souci et/ou réaliser une photo attestant d’une situation problématique (blessure, matériel dégradé …). Et c’est tout ! Pas de musique, pas de réseaux sociaux, pas de jeu, rien que le strict nécessaire. Un téléphone à proximité est donc parfois utile, mais pas sur vous. Il doit être soit éteint soit en mode avion pour annihiler les sonneries.
Votre téléphone est votre pire ennemi car il monopolise votre attention. Une fois sur votre téléphone, vous vous coupez du monde autour de vous. Il suffit de regarder comment marche un humain dans la rue, en train d’écrire un texto. Dans 99% des cas, si on ne dévie pas de sa route, la personne vous fonce dessus et c’est au dernier moment qu’elle vous évite.
Dans un club hippique, ce type de comportement est très dangereux. Car foncer dans un humain, c’est une chose. Mais foncer sur un autre cheval, c’est déjà plus délicat.
De plus, une sonnerie impromptue peut surprendre voire effrayer votre cheval.
Il n’y a que deux situations dans lesquelles vous avez le droit d’avoir votre téléphone sur vous, dont une où il est même obligatoire. On verra cela juste après.
Tout ce qui réduit votre vision, votre ouïe et détourne votre attention : téléphone, baladeur, écouteur et casque audio…
C’est dans votre sac.
Oui, vous pouvez mettre un peu de musique en haut-parleur dans le box. C’est tolérable. Mais surtout pas dans un écouteur. Le mieux étant de communiquer oralement ou tactilement avec votre monture !
A cheval, la règle est simple, aucun outil électronique et pas de musique sauf si elle est nécessaire pour la séance. C’est le cas lorsque l’on répète une reprise libre en musique (RLM) ou lorsque le moniteur souhaite vous apprendre le rythme. Si votre portable sonne et effraie votre cheval, vous ne devez vous en prendre qu’à vous-même en cas de chute.
Allez, je vous donne une astuce, achetez une pochette type « banane ». A l’intérieur, vous mettrez vos clefs, vos papiers et votre téléphone, en mode avion par exemple. Accrochez la banane à la barrière pendant la séance, en aucun cas sur vous !
En revanche, il est interdit de partir en balade ou en randonnée, seul et sans téléphone.
C’est un des seuls moments où le téléphone est autorisé sur vous en équitation. Vous ou votre partenaire devez pouvoir joindre les pompiers 18 ou le SAMU 15 en cas de chute. Pour rappel, vous partez obligatoirement à deux cavaliers au minimum. Si c’est vous qui chutez, votre partenaire doit pouvoir appeler. J’ai failli perdre une amie monitrice comme cela. Partie seule en forêt, elle est tombée et a subi un traumatisme crânien. C’est un coureur qui l’a retrouvée. Elle a eu beaucoup de chance mais surtout elle a perdu beaucoup de temps. Elle a suivi une rééducation très longue et extrêmement lourde. Ce qui l’a sauvée, c’est qu’elle faisait beaucoup plus de sport que la moyenne des gens. Du coup, son corps s’en est bien remis. Avec une personne peu sportive, il y aurait eu peut-être des séquelles à vie.
Un autre moment où le téléphone peut-être autorisé, avec l’accord de l’enseignant : lors de la détente en concours (échauffement du couple avant d’entrer en piste). Il y a souvent beaucoup de monde sur un grand espace de travail et beaucoup de cris. Ici, l’enseignant peut demander à un cavalier de mettre des écouteurs (Bluetooth de préférence) pour pouvoir lui donner des conseils sans avoir à hurler et en étant certain d’être entendu par ce dernier. Bien évidemment, avant d’entrer en piste, téléphone et écouteurs sont rangés et confiés à une personne de confiance.

La connaissance
On arrive à la dernière solution permettant de limiter les risques de chute (Méthode qui permet de diviser par trois la probabilité de chuter) : il s’agit de la connaissance du cheval. Il faut que vous appreniez à côtoyer les chevaux, que vous soyez capable de comprendre ce qu’ils font, pourquoi ils le font, et d’anticiper leurs réactions.
J’ai évité de nombreuses de chutes grâce à cela. Je vous donne deux exemples :
Iglou était un grand cheval. Lorsqu’il voulait tester la connexion avec son cavalier, il se tordait légèrement la tête pour mettre le nez vers l’intérieur. Si vous ne l’aviez pas remarqué et réagi en conséquence, il vous catapultait. Par contre, si vous lui remettiez la tête droite, il ne faisait rien.
Pour Canada, c’est la même chose. Auparavant, il avait l’habitude de tester la connexion avec le cavalier. Cependant, contrairement à Iglou, c’était en permanence. A pied, il pouvait essayer de vous mordre pour attirer votre attention lorsque vous discutiez avec un ami. A cheval, si vous ne le récompensiez pas pour les demandes que vous aviez faites, au bout d’un quart d’heure, il vous ‘éjectait’ aussi. Lorsque des personnes de ma famille m’accompagnaient au club, j’étais obligée de les prévenir que je ne pouvais pas discuter avec eux pendant la préparation quand j’avais Canada,. C’est vraiment des années plus tard, quand il a mûri, que j’ai pu le faire mais toujours en restant très vigilante.
Tout ceci, c’est de la connaissance : ce sont des heures à lire des livres de dressage, des témoignages, des traités équestres. Mais surtout à tester en situation le contenu de ces lectures. Ce sont des heures à regarder les autres monter, tout en cherchant à comprendre ce que je voyais. Et encore, j’estime avoir une connaissance incomplète. C’est aussi le défi de ce blog : chercher à combler mes lacunes, organiser les informations réunies, puis de vous partager tout ce savoir.
Cependant, aussi complet que soit le site, du moins je l’espère, vous aurez besoin de l’expérience sensorielle et émotionnelle (on l’oublie souvent, alors que c’est la base de la mémoire) pour apprendre.
La connaissance et l’expérience réduisent conséquemment vos risques de chutes.
« Les accidents sont en fait extrêmement rares si on prend en compte les souffrances que subissent les chevaux au quotidien tout au long de leur vie. Parfois, ils réagissent par des attitudes menaçantes comme ils le feraient avec un congénère. Seulement elles sont généralement incomprises ou mal interprétées, voire elles ne sont même pas remarquées. Après plusieurs signaux d’avertissement sans changement de comportement, c’est l’accident. » page 46 de l’étude de Marjory Dooghe.
L’éthologie, une science encore empirique.
L’étude de Mme Dooghe montre que l’approche éthologique de l’équitation est beaucoup plus sûre que l’approche classique. Cependant, ce résultat ne peut pas être pris en compte car c’est la seule étude qui le démontre. En science, pour qu’un fait soit établi, il faut plusieurs études prouvant le résultat observé. Et malheureusement, ce n’est pas le cas pour cet aspect-là de l’équitation pour le moment.
Aujourd’hui, l’équitation éthologique commence tout juste à faire son entrée dans les clubs. Par ailleurs, nous n’avons que deux cavaliers compétiteurs au niveau français et mondial qui utilisent les concepts éthologiques dans leur discipline. Nous manquons juste de données scientifiques car cette approche est récente et les scientifiques n’ont pas encore assez de structures et de cavaliers à évaluer. Cela viendra avec le temps.
C’est donc avec conviction que j’ai orienté ce magazine vers une pratique éthologique, applicable dans les cours de la fédération. Je ne vous demande pas de me croire les yeux fermés mais de tester, de vérifier par vous-même. L’expérience, in situ, sera votre meilleure alliée.
Information sur le quiz 3 : « Quelle est la procédure en cas de chute ? »
Vous ne trouverez pas de schémas mais juste le texte. Il faut toujours remettre en ordre le texte.
Félicitations !
Maintenant, vous avez toutes les clefs pour réduire le risque de chutes et de blessures, lorsque vous côtoyez vos chers chevaux.
En cas d’accident, le numéro des pompiers 18 et du SAMU 15.
Prenez soin de vous et, en cas de doute, consultez votre médecin traitant. Lui seul peut vous prescrire les examens nécessaires.
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