Pendant un instant, vous vous transformez en cheval. Vous avez une belle crinière et des sabots solides. Le premier cavalier qui vient vous voir, vous attrape dans le box, vous brosse machinalement en discutant au téléphone. Le cavalier suivant, à peine le licol mis, vous selle et vous laisse dans le box, le temps d’attendre le cours. Le troisième cavalier vous met le licol et prend le temps de vous faire un bon pansage avec des caresses et des gratouilles où vous lui indiquez.
Avec quel cavalier avez-vous envie de passer l’heure qui suivra ?
En théorie
Dans les livres, on vous apprend que le pansage est la toilette du cheval, qu’il permet de vérifier s’il est en état d’aller travailler. On vous explique comment avoir un poil propre et brillant avec différents outils. C’est très bien mais après des années d’expérience, je peux vous dire que ce n’est pas uniquement cela le pansage.
Le pansage, c’est le moment le plus intime que vous partagez avec vos chevaux car vous allez le toucher partout. Imaginer que vous soyez à leur place, on va vous soulever les pieds, vous chatouiller sous les bras, vous brosser les cheveux etc…
Ce moment intime doit être un plaisir pour le cheval et non une contrainte. D’ailleurs :
« Prendre soin d’un cheval commence à partir du moment où vous posez les yeux sur lui et se termine au moment où vous le quittez des yeux pour la dernière fois de la journée. »
Du coup, vous comprenez que le pansage, la préparation, et le retour au box après la séance sont aussi importants que le moment où vous montez sur son dos.
A partir de la définition des livres et du dernier paragraphe, nous pouvons donc attribuer une nouvelle définition au pansage : « Ce sont les préparations physique et psychologique du couple cavalier-cheval avant une activité qu’ils effectueront ensemble. »
Du coup, je vais vous apprendre comment allier bien-être animal et toilettage, ainsi que préparation physique.
C’est parti !
La main
On commence le pansage par …. La main. Avant tout de chose, vous allez caresser votre cheval partout avec la main. Cela vous permettra de détecter les zones humides, rugueuses, chatouilleuses aussi, de détecter les blessures etc… Faites un état des lieux de votre monture. Faites connaissance avec son corps. Et surtout, surveillez ces réactions en fonction de là où vous le touchez.
Nous allons maintenant parler d’un paradoxe qui bloque 90% des jeunes cavaliers. On explique au jeune cavalier qu’un cheval est tellement sensible qu’il peut sentir une mouche se poser sur lui. Le mot sensible donne l’idée au cavalier qu’il faut être très léger dans le contact avec leur cheval. Et souvent, il se retrouve avec des chevaux qui bougent beaucoup lorsqu’ils sont brossés.
Oui les chevaux sont très sensibles. Pourtant lorsqu’ils se font un grooming, les chevaux se grattent fortement avec leurs dents. Ils ne s’effleurent pas, au contraire ils se touchent franchement. En réalité, plus le contact est franc et large, moins le cheval sera sensible. Là est le paradoxe. Si un cheval est sensible, le meilleur moyen de ne pas le chatouiller et d’avoir un contact le plus franc et large possible.
Si vous avez une personne qui est chatouilleuse des pieds dans votre entourage, faites cette expérience. Approchez les doigts en gigotant, puis approchez la paume de la main pour attraper le pied. Dans le premier cas, le pied se retire, dans le deuxième, il reste tranquille.
Dernière action importante, si vous voyez des blessures, il est important de le signaler à votre moniteur.
Pour toutes les brosses
Prenez l’habitude de prévenir votre cheval. Pour cela, présentez-lui l’outil que vous allez utiliser en lui montrant et en le laissant toucher avec le bout de son nez. En présentant, la brosse bien face au cheval, ce dernier, va la sentir puis tourner la tête d’un côté. Votre cheval vous indique de quel côté vous devez commencer en présentant le bon côté. S’il tourne la tête à gauche, vous commencerez par le côté droit.
Pour avoir un cheval propre de la tête au pied, il faut commencer à brosser au niveau du garrot. Pourquoi à votre avis ? Cela ne vous rappelle rien ? hé oui, on est en train de reproduire le grooming. Cela va détendre votre cheval plus efficacement. Pour rappel, c’est l’un des objectifs du pansage. Ensuite, vous allez vers les postérieurs et revenir. En remontant, on peut passer sous le ventre. Enfin on repasse au garrot pour finir vers la tête.
La démarche est simple. On indique au cheval que nous parlons le même langage en commençant par le côté qu’il choisit. Ensuite, on créer de la détente avec le garrot. Et on augmente la confiance en commençant par les parties des moins vulnérables au plus vulnérables.
De plus pendant le brossage, utilisez votre main libre pour indiquer la partie suivante qui va être brossée. Exemple caressez ou posez la main sur l’encolure puis passez votre brosse. Ainsi le cheval peut se préparer et suivre ce qui va se passer.
Autre chose importante, évitez les petits coups de brosse comme un coup de plumeau. Faites plutôt des gestes longs. Par exemple, partez du haut de l’encolure pour descendre jusqu’à la pointe de l’épaule. Cela sera plus agréable pour votre cheval et la poussière partira mieux.
Pendant que vous passerez les différentes brosses, le cheval peut se mettre à bouger. Certains chevaux ont des parties du corps qu’ils préfèrent. Pour cela, ils vont se déplacer afin de positionner la brosse sur ces parties-là. Je vous conseille vivement, de passer une bonne minute sur ces parties, puis de continuer le reste et enfin de revenir sur les parties qu’il préfère. De plus, lorsque vous serez à cheval vous pourrez gratter ces zones pour récompenser à la suite d’un exercice bien exécuté.
Je ne vous indique pas de zones particulières tout simplement parce que chaque cheval aura sa zone de prédilection. Pour Canada, c’est en haut de l’épaule gauche alors que Véloce, c’est sous la crinière au milieu de l’encolure. C’est à vous de chercher ces endroits avec la main et les différentes brosses.
A contrario, certaines parties sont moins agréables pour le cheval. Dans ce cas, il faut vérifier si la zone est très sale ou pas.
Si la zone est propre, ne vous attardez pas dessus et revenez à une zone plus confortable. En revanche, si la zone est sale, il faut la nettoyer que cela plaise ou non au cheval. Puis revenez à une zone confortable. Ce n’est pas logique pour le confort du cheval, me direz-vous. Voyons deux situations :
Le cheval est sale sur la zone d’inconfort. Vous décidez de ne pas la nettoyer. La zone se salit de plus en plus et si c’est dans un pli ou mal placé, cela gêne le cheval puis le blesse. Vous allez du coup devoir passer du temps dessus pour libérer votre cheval de cet inconfort. Et comme il y a beaucoup de crasse, cela prend plus de temps…
Deuxième situation, vous décider de nettoyer cette partie. Cela vous prend quelques secondes. Le jour suivant la partie sera moins sale ou aussi sale et vous mettrez peu de temps à la nettoyer. Le cheval n’aura jamais de gêne et de blessure, et vous passerez toujours moins de temps dessus que si vous l’aviez laissé s’encrasser.
Conclusion : Ce qui peut paraître inconfortable sur le coup est parfois préférable à ce qui peut se passer si on ne fait rien. Cette dernière phrase ressemble beaucoup à une consigne sortie d’un livre de développement personnel !
Une zone très sale présente des plaques de boue séchée. Cela ressemble à une croûte et c’est difficile à enlever. Vous les verrez souvent sur les jambes à l’arrière ou dans l’intersection des antérieurs avec le reste du corps.
Maintenant passons à l’action : les brosses dans l’ordre d’usage !
L’étrille
Prenez l’étrille souple. C’est une brosse en plastique avec des picots triangulaires. Personnellement, j’utilise cette brosse pour masser le cheval. Ainsi je fais monter le sang dans les muscles qui vont être utilisés durant la séance. Cette action s’appelle …. L’échauffement. Et oui, le pansage s’est aussi le début de l’échauffement !
Cette brosse ne se passe que sur les parties charnues du cheval : l’encolure, l’épaule, tout le dos et enfin la hanche et la croupe. Elle s’utilise en cercle. Faites des mouvements circulaires sur votre cheval. Et n’oubliez pas d’appuyer.
C’est souvent avec cette brosse que le cheval aura des endroits préférés. Pour lui, la sensation de l’étrille et du grooming entre deux chevaux est très similaire. Surtout si vous appuyez bien avec la brosse. Et n’oubliez pas de lui faire plaisir.
Le bouchon
Le bouchon est une brosse avec un poil dur comme un balai brosse. Cette brosse permet de décoller le poil sur tout le corps sauf la tête. Et oui, il va falloir s’accroupir pour nettoyer le bas des jambes… Allez ! Sur les parties sèches et sans trop de saleté, passez le bouchon dans le sens du poil. En revanche sur les parties où le poil est collant ou mouillé, alternez un coup à rebrousse-poil et l’autre dans le sens du poil.
La brosse douce
Enfin, nous allons pouvoir enlever les dernières couches de poussière avec la brosse douce. Passer cette brosse sur tout le corps et la tête. C’est la seule brosse qui a accès à la tête. D’ailleurs si vous voyez des poils mouillés ou collants sur la tête, vous pouvez la passer à rebrousse-poil. En général, les chevaux aiment bien que vous le fassiez car ils ont du mal à se gratter cette partie du corps, surtout au retour au box.
Pour la tête, évitez de passer sur les yeux. C’est une évidence mais c’est une bonne transition pour parler des yeux. Vous pouvez enlever les croutes et les poussière avec vos doigts.
La brosse à crins
Maintenant que nous avons vu les trois brosses principales, il ne nous reste plus qu’à passer la brosse à crin pour la crinière, le toupet et la queue.
Continuez à bien suivre le sens du brossage même avec les crins. Vous commencerez par les crins qui sont au garrot et remonterez jusqu’à la tête. Ce sera alors plus simple de faire le toupet.
Pour la queue, j’ai deux recommandation.
Déjà pour votre sécurité, ne vous positionnez pas derrière votre cheval. Mettez vous sur le côté, caressez la croupe puis attraper la queue pour la mettre vers vous.
La deuxième astuce est de commencer à brosser le bas de la queue pour remonter petit à petit. Si vous commencez par le haut, vous cumulez les nœud vers le bas et vous vous retrouverez coincé en fin de queue.
Comment passer derrière son cheval en toute sécurité ?
La règle de sécurité, vous dit que vous ne devez jamais passer derrière un cheval. Mais au bout d’un moment, les cavaliers ne respectent plus cette consigne. Pourtant cela reste une zone particulièrement dangereuse pour les cavaliers. Il existe un moyen, non pas d’annuler le risque mais de le réduire. La première chose est de vérifier que les deux postérieurs sont bien à plat par terre. Si une des jambes est relevée, faites le tour de sécurité. Ensuite prévenez le cheval que vous allez changer de côté. Pour cela, il suffit de lui caresser la croupe avant de passer derrière. Enfin une fois de l’autre côté, appelez-le et caressez-le pour lui indiquer que vous êtes de l’autre côté.
Après ces trois brosses, vous avez chaud et êtes un peu fatigué ? C’est normal !
Que faire avec les chevaux qui n’aiment pas être brossés ?
Cela arrive qu’un cheval n’aime pas être brossé. On le voit au fait qu’il va s’écarter de la brosse, bouger beaucoup la tête, voir essayer de vous mordre. Pour ces chevaux-là, je vous conseille de passer uniquement la brosse dure, surtout s’ils sont propres. Concentrez-vous que sur les parties sales. N’insistez pas plus au risque d’agacer votre cheval et de ne pas pouvoir créer de lien avec lui.
En général avec eux, je fais surtout des étirements de leurs membres pour créer un lien agréable entre vous. Je vous expliquerai cela dans un autre article.
Félicitation !
Vous avez appris que le pansage était la préparation physique et psychologique du cheval. Il vous permet de créer un lien avec lui qui vous servira une fois à cheval. Pour cela, vous avez utiliser votre main, l’étrille, le bouchon, la brosse douce et la brosse à crins.
La pansage n’est pas encore terminé, il vous reste les sabots à nettoyer. Vous y êtes presque !