L’ouïe.
Vous êtes un jeudi matin, dans la forêt avec votre poney Tagada, tout est calme. Tout d’un coup, votre cheval se met à regarder en l’air. Vous vous demandez ce qu’il a vu. Et un instant plus tard, vous apercevez des chauves-souris sortir d’un arbre.
En théorie
Par rapport à un cavalier, le cheval n’entend pas les mêmes types de sons. Ces types de sons sont appelés Fréquence et son unité est le Hertz (Hz). L’humain peut entendre de 0,016 KHz jusqu’à 20 KHz. Le cheval lui, va détecter des sons à partir de 0,064 KHz à 34 kHz.
Pour qu’un type de son soit entendu, nous allons varier son intensité. Imaginez un bouton de volume que vous actionnerez pour écouter votre musique plus forte. Et bien c’est la même chose. L’intensité d’un son a pour unité les décibels (noté dB). Un humain peut entendre son premier type de bruit à partir de 0 dB. En fait, on a utilisé l’oreille humaine pour définir la valeur de cette mesure. Je vous l’accorde, c’est un peu contre-intuitif.
Pour le cheval, il commencera à entendre un son, si ce dernier a une intensité de 10dB.
Maintenant que nous savons qu’il existe différents types de sons. Et nous savons à combien mettre le volume pour que le cavalier ou le cheval entende un son. Mais ce n’est pas si simple. Lisez bien ce qui va suivre.
En fonction du type de son, l’intensité nécessaire pour qu’il soit perçu par l’oreille est différente. D’où le schéma suivant.
Pour information 1 Kilohertz = 1000 Hertz
Plus un type de son est dans les extrémités, plus j’ai besoin d’intensité pour l’entendre.
Alors que s’est-il passé avec Tagada ?
Tout simplement, la chauve-souris a émis un son. Ce dernier, vous ne pouvez pas l’entendre contrairement à votre cheval. Cela lui a fait peur et il a voulu prendre la fuite.
Une dernière chose que le cheval peut faire. C’est de tourner ces oreilles vers la source du bruit sans bouger la tête. On appelle cela, le réflexe de Payer
L’odorat
Ulys, l’étalon, a la tête en l’air et la lèvre supérieure relevée. Puis il baisse la tête et se met à rouler des mécaniques devant Lili la jument.
Explication
Le Flehmen est cette fameuse action de lever la tête et la lèvre supérieure pour capter des odeurs et des phéromones. Les phéromones sont des toutes petites particules invisibles à l’œil nu et qui sont secrétées par un être vivant. Ces phéromones contiennent des messages, comme une lettre. Grâce aux phéromones, un cheval peut reconnaitre un congénère, et avoir beaucoup d’information sur son état de santé.
Lili doit être en chaleur donc apte à la reproduction et ses lettres d’amour s’envolent dans le vent. L’étalon en a reçu une et indique qu’il serait content d’avoir un petit poulain.
Quand à Lili en train de brouter l’herbe, comment fait-elle pour ne pas s’intoxiquer avec une mauvaise herbe ?
L’odorat comme vous le voyez avec le flehmen est très développé chez les chevaux. Ils sont capables de détecter le sucré, le salé, l’acide et l’amer. De plus avec leur apprentissage et leur mémoire, ils sont capables de sélectionner la nourritures (plantes, baies etc…) qui leur convient. Du coup, les plaintes toxiques peuvent continuer à bronzer au soleil sans se faire manger.
La vision du cheval
Les couleurs
Luck est en concours à cheval avec Jumpeur, Lors du 4ième obstacle, son cheval a eu une réaction étrange, il a foncé dans l’obstacle vert. Luck se demande comment, il n’a pas pu voir l’obstacle avec qu’il est bien visible sur fond gris. Que s’est-il passé ?
Explication
Rentrons un peu dans la structure de l’œil du cheval. Comme vous pouvez le voir sur le schéma, ci-dessous, il est similaire à celui de l’humain.
La différence structurelle entre les yeux du cheval et celui de l’humain se trouve dans la rétine. Dans la rétine se trouve des cônes qui permette la vision en couleur et les bâtonnets qui permettent une vision avec peu de lumière.
Chez l’humain, on distingue trois types de cônes : Le rouge, le vert et le bleu. Chez le cheval, on distingue deux cônes : le jaune et le bleu. On parle alors de vision dichromatique. De plus, le cheval ne perçoit pas le mélange de ces deux informations. C’est pour cela qu’il ne voit le vert.
Le cheval peut voir le bleu et le jaune. Il ne voit ni le vert ni le rouge.
Vous verrez souvent des sites internet vous dire que le cheval a des cônes verts et des cônes bleus… (Les cônes sont capteurs de couleur qui se trouvent de l’œil). Si c’était le cas, il ne pourrait pas voir le jaune. On aura beau mélanger du vert et du bleu, on tombera sur un joli turquoise mais pas un jaune. Et oui, il faut se méfier de ce que l’on peut trouver sur internet.
Que s’est-il passé ?
Jumpeur ne voyant pas le vert. L’obstacle s’est fondé dans le décor. Du coup, il a continué son galop sans se poser de question.
La vision nocturne
En revanche, bien qu’il n’ait pas une aussi bonne vision des couleurs que nous, le cheval voit mieux dans la pénombre que nous. Cela est dû à une plus grande quantité de bâtonnet que chez l’homme.
Le champ visuel
Après les couleurs et la vision nocturne, voyons à quelle distance, il peut voir.
Chamalo est un jeune cheval de trait. Il a appris à tracter une calèche en manège et sort en forêt pour la première fois. Alors qu’il trotte tranquillement, un écureuil passe sur le côté. Le cheval effrayé fait un embardé. Le meneur, Yves, qui n’a pas vu l’écureuil se demande ce qu’il lui arrive.
Explication
En horizontal
Contrairement à nous, le cheval a un champ visuel plus large sur le côté avec un angle de 140°. Cependant, il voit les reliefs devant lui que dans un angle de 70° à 80°. Cela est dû à la forme de sa pupille qui est allongé à l’horizontal.
De plus il a deux zones aveugles (hors champ de visuel) une juste devant la tête et une derrière lui. C’est pour cela que le cheval ne voit jamais son cavalier lorsqu’il est sur son dos. Ce champ visuel est dû à la position des yeux qui sont sur le côté de la tête. C’est très utile pour garder un œil sur ses congénères et sur de potentiels dangers.
En vertical
Il ne peut pas relever les yeux, suffisamment haut pour regarder en l’air. C’est pourquoi, il a besoin de relever la tête pour regarder au loin (Voir le schéma). Cette notion est très importante en saut d’obstacle. En effet, plus l’obstacle sera haut, plus le cheval aura besoin de relever la tête pour évaluer sa hauteur et ensuite ajuster son saut. Nous verrons par la suite comment ne pas gêner ce besoin.
Que s’est-il passé ?
Revenons à Chamalo, L’écureuil était dans son champ de vision à lui de côté. Du coup, il n’a pas vu à quelle distance se trouvait l’animal. Ne pouvant tourner la tête, son instinct lui a indiqué qu’il était en danger, il a donc pris la fuite. Ce sont de comportements qui sont courant dans la carrière et les manèges extérieurs, alors restez vigilant.
L’acuité visuelle.
Le cheval a une moins bonne acuité visuelle que le cavalier. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu’il aura plus de mal à voir les détails à une distance plus réduite que nous. Non, cela ne veut toujours rien dire ?
Imaginer que vous êtes chez l’ophtalmo. On vous demande de lire les lettres qui se trouve au loin. A chaque fois que vous changez de ligne, c’est écrit plus petit. On a connu par cœur se test là. Et bien le cheval pourra lire moins de lignes que vous. Et pour être précis, sur 30 lignes que vous pourrez lire, il n’en lira que 20. Ce qui se traduit par le cheval voit net 2/3 fois moins loin que nous en moyenne (et un joli schéma).
Comment ça le cheval ne sait pas lire ? … Un peu d’imagination voyons !
Après en avoir vu de toutes les couleurs avec la vue, passons au dernier sens…
Le touché.
Maya est une petite abeille qui a très envie de faire un tour de poney. Malheureusement, elle se fait chasser du dos du cheval à chaque fois qu’elle se pose sur son dos.
Explication
Le cheval peut en effet sentir une mouche se poser sur son dos grâce à sa sensibilité. Il a aussi la capacité de chasser la mouche en faisant vibrer sa peau.
Mais alors s’il peut sentir une mouche et qu’il trouve cela insupportable. Comment est-il possible de lui poser un tapis sur le dos ? Car tout simplement que la surface de contacte et l’intensité est plus grande. Du coup, cela ne déclenche pas de la même façon les détecteurs qui sont sur la peau. C’est pareil chez les humains chatouilleux. Si vous posez les doigts, il va se défendre mais si vous poser la peau de vote main, il ne dira rien.
Maintenant, je vous laisse imaginer s’il n’avait pas cette capacité…. En effet, il serait tellement recouvert de piqûre de moustiques qu’il ressemblerait à des éléphants maladroits…. Je vous laisse un instant pour imaginer…
Le touché se fait aussi par le bout du nez, grâce aux vibrisses, les longs poils qui sont au bout du nez. Sachez qu’il ne faut surtout pas les raser ! Sans cela le cheval qui rappelons-le ne voit pas ce qui est devant et proche de sa tête, peut se cogner sur des surfaces rugueuses.
En conclusion,
Alors pourquoi le cheval est-il un malvoyant aux supers pouvoirs ?
Déjà car sa vision n’est pas géniale et peut lui jouer des tours. Mais heureusement, son ouïe, son odorat et son toucher compensent ce défaut. Ce sont ces supers pouvoirs ! Comme les malvoyants humains. Vous ne verrez plus jamais un aveugle de la même façon maintenant…
Le cheval peut avoir des réactions que nous ne comprenons pas car nous n’avons pas le même mode de fonctionnement. C’est la raison pour laquelle nous devons adapter notre communication afin d’éviter les situations dangereuses mais aussi de créer une vraie relation avec le cheval. Et surtout, l’adage qui dit : « Il a fait exprès pour m’embêter. » on l’oublie.
Félicitations !
C’était un sacré morceau cette article. Et nous y ferons référence régulièrement car toutes ces informations conditionnent notre façon de communiquer avec le cheval.