Quel est le lien entre l’apprentissage d’un cheval et la discrétion des aides ?

Expliquer comment le cheval acquière une capacité ou une nouvelle notion est le meilleur moyen d’utiliser ensuite les bons outils pour communiquer avec lui et d’arriver à la discrétion des aides.

Alors allons-y.

Comment le cheval apprend ? 

Le cheval apprend à travers des mises en situation. Cela ne sert à rien de lui parler théorie, il faut qu’il pratique. 

Livre non comestible

Il y a deux types d’apprentissage : Le positif et le négatif.

Il ne s’agit pas de bien et de mal mais d’addition et de soustraction. Dans les deux cas, l’objectif est d’apporter du confort au cheval. Car le cheval quel que soit la situation cherchera le confort. Et cela doit devenir votre priorité dans toutes les situations.

L’apprentissage négatif

Dans ces situations, nous allons le stimuler. Par exemple, si je veux apprendre à un cheval à aller de l’avant lorsque je serre mes jambes, je vais commencer par fermer petit à petit mes jambes. 

Le cheval va chercher la solution pour alléger cette contrainte. Pendant son apprentissage, il va se tromper. Dans notre exemple, il peut reculer ou si le cavalier est une brute, se cabrer. D’où l’importance de bien doser. 

Une fois que le cheval donne la bonne solution, il est important que le cavalier cède. Dans notre exemple, il relâchera les jambes. C’est cette action de retirer la contrainte que l’on appelle apprentissage négatif. Le cheval retrouve son confort. 

Voici ce qui se passe dans la tête du cheval : 

L'apprentissage de type négatif
L’apprentissage de type négatif

L’apprentissage positif. 

L’apprentissage positif est ce qui nous permet de mettre en place le langage équestre. 

Rappelez-vous bien que tirer sur les reines pour faire arrêter un cheval est un langage appris. Dans le milieu des courses hippiques, le fait de tirer sur les reines est une demande d’accélération. Donc une même action ne dit pas la même chose en fonction du cheval et du milieu dans lequel il est débourré. 

Si l’apprentissage négatif est l’action de retirer quelque chose pour redonner du confort au cheval, l’apprentissage positif c’est l’ajout de quelque chose pour augmenter le confort du cheval. 

L’apprentissage positif est généralement utilisé pour renforcer un apprentissage négatif. 

Prenons l’exemple d’arrêter un cheval en tirant sur les reines. Le cavalier va tendre les reines de plus en plus. Dès que le cheval s’arrête, il lui donne en plus une caresse. 

L'apprentissage de type positif
L’apprentissage de type positif

La caresse, la chatouille au bon endroit et le fait de donner de la nourriture sont des renforcements positifs. 

Personnellement, je ne donne pas de nourriture car certains chevaux de club ont tendance à fouiller les poches ou les sacs. Je préfère prendre le temps de trouver où le cheval aime être gratté pendant le pansage et le réutiliser dans la séance pendant les poses.

Les chevaux étant très tactiles, n’hésitez jamais à caresser votre cheval après un exercice réussi. Je ne vous cache pas qu’on oublie tous de le faire. Moi la première, mais il faut faire l’effort d’y penser pour que cela devienne un réflexe. 

Les conséquences d’un mauvais apprentissage. 

Le cheval a une mémoire phénoménale. Il est capable de refaire un exercice qu’il n’a pas vu depuis plusieurs années. 

Cela veut aussi dire qu’il a en mémoire des événements traumatisants qu’il a vécu des années auparavant. 

Prenons l’exemple de la porte bleu. Vous êtes dans un manège et votre cheval a peur de la porte bleue. Cela vient peut-être d’un événement où il aurait été mal traité dans un espace au mur bleu. Dans ces cas, seuls des professionnels peuvent diminuer la peur. 

Plus l’événement sera traumatisant, plus la réaction future face à cet événement sera vive et difficile à remédier. 

Rapport entre traumatisme et réaction
Rapport entre traumatisme et réaction

Dans un apprentissage juste maladroit, on retrouve ce phénomène. 

Un renforcement négatif mal utilisé

Prenons un cheval que l’on dit mou. Entre véloce et Canada, c’est un peu ma spécialité. En réalité, ils sont pas du tout mous. C’est juste qu’ils ne répondent plus aux codes car ils n’ont plus de signification pour eux. Je vous explique :

« Je suis un cheval normal. Mon cavalier serre les jambes, je me mets en marche. Mon cavalier n’a pas desserré les jambes. Je me pose des questions ? Je ralentis. HA zut mon cavalier sert encore plus les jambes. J’accélère de nouveau. Il dessert un peu les jambes mais sans retirer toute la pression. Ha zut. Je fais quoi ? » 

Un mauvais apprentissage
Un mauvais apprentissage

A force, le cheval va apprendre que cette pression de mollet ne signifie rien. Du coup, le cavalier lui va mettre encore plus de jambes pour obtenir une réponse. Et pire, ce sont les coups de cravache. Et là, soit vous avez un cheval gentil qui va faire ce que vous lui demandez, soit le cheval va vous envoyer une ruade.

C’est c’était un renforcement négatif mal utilisé. 

Maintenant un renforcement positif mal utilisé. 

On connait tous un cheval qui tape à sa porte pour obtenir notre attention. Et bien si lorsqu’il tape à la porte, vous lui donnez une carotte. Vous êtes certain qu’il recommencera et le fera de plus en plus souvent. 

Si votre cheval fouille votre sac à chaque fois, c’est parce qu’il y trouve des pommes dedans. C’est un renforcement positif qui tourne mal. Et c’est comme ça que certains chevaux vous mordent pour obtenir de la nourriture. C’était le cas d’Euphorico, un lusitanien qui était dans mon club. Lorsqu’il a changé de club, on a arrêté de lui donner à manger à la main et il a cessé de mordre. 

Comment utiliser ces capacités pour améliorer notre communication ?

Du coup en tant que cavalier, si vous voulez monter des chevaux légers et agréables, vous devez utiliser les mêmes procédés que lorsque le cheval est en apprentissage. C’est pour cela que tous les livres d’éthologie vous demande de vous comporter comme des professeurs en permanence avec vos chevaux. 

Il y a une chose très très importante dans les deux apprentissages à mettre en place, c’est la décomposition de l’exercice et de vos aides. 

La décomposition de l’exercice : une étape permanente. 

Imaginons que vous vouliez apprendre à un enfant à dessiner une maison. Vous allez découper son apprentissage ainsi : 

Apprendre à prendre un crayon dans la main 

Apprendre à tracer un trait 

Apprendre à aller d’un point A à un point B 

Apprendre les différentes formes : carré, rectangle et rond. 

Enfin dessiner une maison 

Et bien le cheval, c’est la même chose. Je vais décomposer tous les mouvements un par un. C’est pour cela que vous n’apprenez pas à faire une pirouette à un cheval au départ. Vous devez déjà lui apprendre plein de chose au préalable. 

Si l’on prend l’exemple de l’enfant. Il va devenir autonome dans le fait des dessiner une maison à force de le faire. Si vous demandez à un enfant de 6 ans, dessine-moi une maison, il le fera sans votre aide. 

Par contre, le cheval si vous lui demandez une cession à la jambe sans le préparer, il aura du mal à la faire. D’où l’importance de repasser par certaines étapes pour réussir vos mouvements. C’est ce que l’on appelle l’étape préparatoire d’un mouvement. C’est au cavalier de mettre le cheval dans de bonnes dispositions pour exécuter un mouvement. Précisons que plus le cheval fera une étape préparatoire, plus cette dernière sera plus courte en nombres de pas. 

La décomposition de vos aides : 

Vos actions doivent être mesurée et additionné dans un ordre qui ne doit jamais changer pour le même mouvement. 

Vous vous souvenez sûrement de la demande avancer. La revoici :

  1. Redressez-vous
  2. Ouvrir ces doigts
  3. Avancer ces mains légèrement pour détendre un peu les rênes et laisser le cheval étendre son encolure
  4. Serrer les mollets
  5. Avancer son bassin par frottement régulier sur la selle
  6. Serrer les talons
  7. Faire des claquements de langue
  8. Mettre un coup de cravache derrière la jambe. Pour cela, passer les deux rênes dans la main extérieure.

Et bien ces actions ne doivent pas s’intervertir et être mesurées. En faisant cela, vos chevaux vont répondre de plus en plus vite à votre demande car ils connaissent les différentes étapes. Un cheval qui répond au niveau 5 : Avancer son bassin… Va comprendre petit à petit répondre au niveau inférieur, par exemple le niveau 2 : ouvrir ces doigts. Et c’est cela que l’on appelle la discrétion des aides. 

Félicitation !

Vous avez compris comment le cheval apprenez et en quoi cela peut améliorer votre équitation. Vous savez aussi maintenant que le mauvais comportement d’un cheval est lié à un apprentissage donné par l’humain.

Vous devenez donc responsable du comportement de votre cheval.

Cette article est une clé très importante en tant que cavalier. Tant que vous ne comprenez pas ça, vous ne pourrez pas progresser. Je l’ai vu dans mon équitation.

Ce sont ce principe là qui m’ont permis de comprendre et de communiquer avec Canada qui a l’époque envoyé tout ces cavaliers au tapis à tout les cours.

Alors surtout, si vous avez des questions, n’hésitez pas à les écrire en commentaire.

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